jeudi 16 juin 2011

Hasta las Canarias

36°35.746N 04°30.803W
Benalmádena

Voilà dix jours que nous sommes à Benalmádena, et il est temps pour nous de reprendre la route. Et quand je dis nous, il s’agit de la Boiteuse et de moi, bien sûr.
Oui je sais que vous le savez, mais je précise tout de même pour les nouveaux lecteurs… Car il y en a, je le sais. Surtout depuis… Mais bon, nous en reparlerons.

L’ami Arnaud s’en est retourné chez lui, après avoir (je pense) bien profité de son séjour. Nous avons parcouru ensemble les promenades qui longent le bord de mer, passé une petite journée à Malaga où nous nous sommes remplis la panse de fritures, fait une balade en mer à la recherche de dauphins mais pour n’y croiser que trois poissons-lune… Bref, ces quelques jours furent à la fois riches et reposants.

Théâtre antique au pied du Gibralfaro
Pour ma part, j’en ai profité pour faire le point… Tant au niveau géographique que personnel. Le détroit de Gibraltar est à portée de main, là, juste derrière l’horizon, et ce gros caillou représente une étape importante puisqu’il marque la fin de la Méditerranée et le début du Grand Océan… Rien que ça, ça demande de s’arrêter un peu et de savourer le moment. Et puis ce pose alors la question : On passe les colonnes d’Hercule (ok, ça c’est fait…), et ensuite on va où ?

Il me semble vous l’avoir déjà dis, j’avais le choix entre le Maroc, le Portugal ou les Canaries… Et après avoir pesé le pour et le contre, j’ai finalement opté pour la grosse traversée vers les Iles.

Supermarché de l'esprit...
En fait j’ai procédé par élimination… Comme vous le savez la caisse de bord s’allège et le coup des ports devient carrément dément au fur et à mesure que j’avance dans la saison. Remonter jusqu’au Portugal, aurait été (à mon sens en tous cas) foutre véritablement l’argent par les hublots, sachant que d’autres cieux peuvent proposer le dérisoire, voire le gratuit.

Le Maroc, c’est avec une part de regret que j’ai renoncé également à y mettre les pieds. Ma famille y avait ses racines, et cela aurait été comme une espèce de retour aux sources que de m’y attarder... Mais bon, la côte atlantique marocaine n’est pas particulièrement hospitalière (à tout point de vue) et j’ai préféré m’abstenir. Tant pis pour le trip « Le Gwen marche dans les pas de sa mère », et l’occasion peut-être de me réconcilier avec son souvenir, mais je n’ai absolument pas envie de voir ma Boiteuse se vautrer sur une plage parce que le service maritime locale n’aura pas signalé une épave. Et moi je tiens au moins autant à ma peau qu’à mon bateau, et il me siérait de pouvoir conserver les deux.

Restait donc les Canaries… Et les quelques 600 milles (et de brouettes) d’océan entre elles et moi.

... et ses produits dérivés.
Là, pour le moins, on change d’échelle. Finit les petites naves à la journée. Finit les petites balades le long des côtes… On parle d’une traversée, d’une vraie, avec au minimum six jours en mer. Du coup, et je crois que c’est humain, j’ai eu pendant un moment, comment dire, la pétoche. Enfin, je ne sais pas si on peut appeler ça comme ça… (Peut-être que si finalement… Enfin, j’en sais rien.) Toujours est-il que je me suis inventé tous les prétextes possibles et imaginables pour me convaincre de rester dans la mare aux canards : Et si ton système électrique ne suffit pas ? Et si le moteur te lâche ? Et si tu te casses quelque chose ? Et si, et si…
Ca a duré une petite journée et puis je me suis dis : Et merde à la fin ! Tu me fais suer avec tes si… Avec des si, on reste à la maison mon bonhomme ! C’est pour vivre ça que tu es partis j’te rappelle !

Devant la détermination de mon alter ego personnel je n’ai eu qu’à fermer ma gueule et à commencer à me faire à l’idée… Et je m’y suis si bien fait qu’à l’heure ou je vous parle, je brûle d’impatience de partir.

Poisson lune !
De plus, la traversé ne représente réellement que peu de difficultés. Une fois débordé le détroit et le trafic maritime intense, c’est quasiment du tout droit (sic !) avec un alizé du Nord-ouest aussi régulier qu’une montre suisse. Un véritable tapis roulant sur lequel il n’y a qu’à poser son navire et à se laisser porter.

Donc, c’est décidé, on y va. Direction les îles Canaries, avec ses volcans et ses plaines désertiques. Ses mouillages forains, ses eaux chaudes et cristallines… Direction le Sud.

Le moral du Capitaine étant de nouveau au beau fixe, il s’agit maintenant de s’occuper de la Boiteuse et de la préparer au mieux pour cette traversée.
Côté garde robe, tout est paré. Son Génois a été recousu et renforcé, et il est de nouveau prêt à mettre ses 38 m² au service de la bonne marche du bateau.
Le sondeur qui montrait des signes de faiblesse depuis un moment est définitivement mort, et pour le remplacer intégralement, il fallait logiquement sortir le bateau de l’eau… Ce que je n’avais ni le temps, ni les moyens de faire pour l’instant. J’ai donc opté pour une sonde de pêche basique et pas trop chère qui fera largement le boulot d’ici à ce que je puisse mettre la Boiteuse au sec.

Paré !
Côté énergie, là encore ce sont les considérations financières qui, hélas, dictent ma démarche. Dans un monde idéal j’aurais aimé pouvoir recharger mon parc de batterie avec des énergies renouvelables (Soleil, vent, eau) mais le plus simple et le moins onéreux que j’ai pu trouver, c’est un petit groupe électrogène.
Ce qui m’amène quand même à me poser la question de l’écologie au quotidien… Comment voulez-vous qu’on arrive à lutter contre le changement climatique si les solutions nomades et écologiques restent à ce point hors de prix ? C’est impossible… Le prix d’une pile à combustible (solution la plus efficace) est carrément prohibitif !

Bref, j’ai quelques jours pour trouver un groupe électrogène de petite dimension, et ensuite go !

J’ai jeté un œil sur les prévisions météo à moyen terme, et à partir de dimanche les vents vont tourner et devenir favorables pour nous. Il me reste quelques petits détails à peaufiner avant que d’entreprendre la traversé du détroit, et notamment de bien calculer mon passage en fonction de la marée et des courants… Il me faut aussi faire un avitaillement suffisant pour une dizaine de jours (prévoir toujours plus…), mais globalement nous sommes prêts. Je suis prêt dans ma tête, et la Boiteuse est prête elle aussi. L’un et l’autre nous sommes parés.

Quelques mots, avant que d’en terminer pour aujourd’hui, sur ma petite prestation de lundi dernier sur le Mouv’… Bon, à la réécoute je me suis trouvé plutôt nul, mais il parait que la plupart d’entrevous ont apprécié mes ânonnements et mes hésitations. C’est vous qui voyez, mais bon… Le résultat est qu’une palanquée de moussaillons ont embarqués depuis quelques jours, et je leurs souhaite la bienvenue !

Et pour ceux qui auraient envie de s’en repayer une tranche, c’est ICI.

11 commentaires:

Gildan a dit…

J'ai tout raté donc je vais me repayer une tranche en me "avitaillant" !
:)

Monique a dit…

Tu te lances samedi comme prévu ?

La bise à toi et un petit soupir dans les voiles de la Boiteuse.

Marraine.

Gildan a dit…

Ça y est ! Entendu !
C'était parfait !
Tu nous fais rêver, Gwendal !
Préviens quand tu repasses, dans 15 jours je crois ?

Gwendal Denis a dit…

@Monique : Je pense que je partirais dimanche, ou lundi… Tout dépend si j’arrive à trouver ce qu’il me faut avant le weekend. Et puis avant Gibraltar il y aura un dernier arrêt, donc t’inquiète pas j’aurais l’occasion de vous préciser ma navigation.

@Gildan : C’est-ce qui est prévu en effet. D’ici une quinzaine lorsque je serais en train de faire trempette dans les eaux de la bien nommée Graciosa…

Gildan a dit…

@Gwendal
Pfffff !!! Même pas jaloux !
...
Enfin, un peu quand même !
:)

Les aventures de Shaka a dit…

Allez !

Bonne route et bon vent !

On va attendre tes récits avec impatience !

L'équipage de Shaka !

Gwendal Denis a dit…

@Shaka : Merci ! Alors les québecois ? Pas trop froid le retour à la maison ?

cazo a dit…

Mais dites moi, ça sentirait pas l'appel du grand large à plein nez par ici ??? ;-) !!

Ah, mon ami, comme cela fait du bien de te(vous)sentir prêt(s) pour de nouvelles aventures !!

J'avais effectivement vu les mouillages à La Graciosa... de bien beaux voiliers dans la baie abritée... d'un caillou pelé !!

Mais en attendant les alizés (décembre-janvier ??), je suis sûr que tu vas aller visiter un peu les rivages du Sénégal (ahh.. la casamance, un p'tit paradis, selon un ami qui y a vécu..), la Guinée Konakry... Pass'qu'à mon avis, Les Canaries, en Haute-Saison, ça va être chaud, et je ne parle pas du climat... ;-) !!

Dommage que tu ne sois pas équipé au niveau satellitaire, tant pis, faudra attendre...

Anonyme a dit…

je pense bien à vous.... les canaries.... on y parle toujours espagnol.....snif..... je plaisantes...encore et encore pleins de belles choses et de belles rencontres....
a très bientot
vous embrasse
Domi

Bourreau fais ton office a dit…

Et ouais ... la côte européenne, c'était les préliminaires ... maintenant tu vas franchir le rubicon et l'aventure avec un grand A va commencer. Après le court-métrage, le grand film ! ... t'inquiète, tu as une tripotée de moussaillons qui vont t'épauler, que les vents soient avec toi !

Gwendal Denis a dit…

@Cazo : Plus je le regarde ce cailloux pelé, plus je lui trouve un charme presque magnétique… Moi qui aime la géologie autant que la botanique, j’aurais au moins un motif de satisfaction !

@Domi : Y despues Las Canarias, sera Cabo Verde… E para Cabo Verde nós falamos o português !

@Bourreau : Je sais bien, et franchement ça aide pas mal… Reste plus qu’à trouver le bon créneau horaire pour diffuser le film !